La Réalisation d'une planche de Richard Guérineau
Le Crayonné
Richard GUÉRINEAU compose la planche, griffonnant chaque case au crayon pour placer les personnages et les textes. Puis il affine, en rectifiant et recadrant certains plans.
Réveil à 8 heures. La journée de travail commence par une intense préparation psychologique, à base de lecture, café et cigarettes, d'environ 2-3 heures. Nicotine et caféine ayant fait leur oeuvre, je me rends à l'atelier vers 11h et me mets immédiatement à l'ouvrage après avoir consulté ma boîte e-mail, désespérément vide.
Après inspection détaillée du découpage et mémorisation complète du moindre dialogue, je réalise en 5 à 10 min un story board d'environ 3x4 centimètres sur un coin de page du scénar.
Je passe ensuite au crayonné sur une feuille de papier machine format A4, mon aisance à dessiner étant inversement proportionnelle à la qualité du papier.
Fin de la journée et du crayonné vers 19h-20h.
L'Encrage
Le stade de l'encrage requiert toute la dextérité du dessinateur s'il ne veut pas tout recommencer.
« Le lendemain, même rituel, j'arrive à l'atelier vers midi car j'ai dû passer à la photocopieuse pour agrandir mes crayonnés au format A3. Je réalise l'encrage sur du papier Canson "C à grain" 224mg, directement au feutre et au pinceau, par transparence à la table lumineuse.
Vers 19h-20h, le teint hâlé, le cerveau échauffé et l'encrage terminé, je regagne mon foyer, satisfait d'avoir accompli mon devoir de prolétaire du 9e Art, songeant avec bonheur à la même dure journée de labeur qui m'attend le lendemain. »
L'éditeur récupère cet original, plus grand que le format de parution. Ce dernier grave un film transparent au format de l'album, et imprime la même chose sur du papier épais.
C'est ce document que l'on appelle un bleu, parce qu'à l'origine, il était imprimé avec de l'encre bleue (aujourd'hui c'est en gris, alors on n'appelle plus ça un bleu mais un gris. Mais comme on a pris l'habitude de dire un bleu... enfin appelez ça comme vous voulez ;))