Interview de Corbeyran (Domaine de Gorn)
Tout d'abord la première question qui me vient à l'esprit est pourquoi avoir choisi la bd comme support pour raconter vos histoires. Quel est le chemin qui vous a amené à la bande dessinée ?
Corbeyran : La BD j'ai été élevé avec. J'en lis depuis que je sais lire, et même avant. Aujourd'hui j'en écrit. Je ne sais faire que ça. Je n'ai envie de faire que ça.
Le personnage mythologique du Stryge n'est pas celui qui a fait le plus parlé de lui et ce personnage est souvent associé à d'autres personnages mythologiques avec lesquels il se confond. Pourquoi avoir choisi cet être mythique comme catalyseur de vos deux récentes séries parues chez Delcourt : "Le chant des Stryges" et le "Maître de Jeu". ? Quelles sont vos sources d'inspirations pour cette série ?
C. : Je me suis appuyé sur le bouquin de Peter Mackenzie ("Contact & Inducement") qui traite d'un phénomène qu'il nommait "Stryge". Beaucoup de récits de fiction mêlent mythologie et réalité. Tant qu'à faire, autant se servir au rayon de ceux qui n'ont pas trop souvent été exploités. Côté inspiration, j'ai été très marqué par l'univers de Lovecraft.
Le fait de faire une puis deux puis trois séries laisse envisager au lecteur la possibilité d'une histoire sans fin ? Est-ce le cas ? Ou l'histoire est-elle déjà écrite ? Si oui le lecteur influence-t-il quand même vos récits ?
C. : Je sais à peu près où tout ça va nous mener. Mais l'ampleur du phénomène dépendra moins des idées et des envies que du résultat des ventes.
Je vous pose cette dernière question car la sortie du Maître de Jeu a suscité quelques émois auprès de mes camarades. En effet vous semblez connaître le thème du Jeu de Role comme le prouve votre conaissance du menu préféré des rolistes (Pizza, Coca) ainsi que votre présentation du jeu de rôle sans dés. Tout ces éléments laissent à penser que vous avez pratiqué le jeu de rôle, est-ce le cas ? si oui quels sont les jeux qui ont retenu votre attention ?
C. : J'ai pratiqué le jeu de rôle. J'ai même écrit - il y a un siècle - une BD dont la trame de départ était un scénario que j'avais imaginé et joué avec des potes ("La Hyène").
Cependant vous consacré une vision assez négativce du jeu de rôle, vision qui fait écho à celle prodiqué par les journalistes suite aux tristes affaires qui ont défraillé la chronique. Dans la bd, les personnages le pratiquant ont un caractère bien forgé et ne sont pas même de présenter le Jdr tel qu'il est réellement. De plus la notion de meilleur rôliste n'a pas de fondement puisqu'il ne peut y avoir de système de classement. Tout ceci pour vous demander pourquoi avoir pris cette position par rapport au Jdr ? par conviction ? par méconnaissance du sujet ? Par soucis de renforcer l'intensité dramatique de l'intrigue ?
C. : Je n'aime pas justifier mes choix, mais puisque vous me posez la question, je vais tâcher d'être sincère. D'abord, je suis surpris de la réaction d'une certaine frange du milieu rôliste à l'égard de cette BD. On dirait un troupeau de vierges effarouchées. Certains personnages sont caricaturaux, et alors ? J'ai côtoyé personnellement ce genre de joueurs autour de la table. Il suffit d'ouvrir les yeux, ils existent, ils ont une vraie épaisseur. Pourquoi les renvoyer en coulisses ? Et ce que vous définissez par "vision négative" n'est qu'un élèment parmi d'autres pour dramatiser les rapports et fragiliser le personnage sur lequel tout repose. Je ne suis pas tenu de présenter le "rôliste idéal", ce n'est pas un album de propagande ou de réhabilitation. Bon, cette levée de boucliers m'aura au moins appris une chose à laquelle je n'avais pas pensé : certains rôlistes manquent un poil d'humour et de recul.
Dans les deux séries vous imergez le lecteur dans un univers familier tant au niveau de la technologie, de l'époque que des moeurs et du sytème politique. Quelles en sont les raisons ?
C. : Comme le chant des Stryges, le Maître de Jeu se situe dans une réalité alternative. Certains aspects sont donc traités de manière réaliste. Mais je prends beaucoup de libertés avec d'autres aspects. Si on admet l'omniprésence de monstrueuses créatures volantes, on peut tolérer la notion de "meilleur rôliste", même si elle est fantaisiste.
Interview réalisée par le Domaine de Gorn (Non Datée)
Propos recueillis par Grand Pas.